Peaux Mortes
Extrait
de
Presse
Déja primée au festival de lecture
d'auteur contemporains à Guérande, la pièce Peaux Mortes de Fabrice
Agret vient d'être publiée aux éditions Quartett. (...) Fabrice Agret
triture les mots et les sonorités dans la bouche de ses quatre
personnages, qui révèlent un à un l'étendue de leur monde intérieur. Et
l'affrontement entre "des vieilles peaux en mal de jeunesse.
Tous des
blafards de la jet-set" comme dit monsieur. Et là, "Un
gros lézard,
géant, un varan brun. Séché, les pattes en croix (...) avec une tête
d'homme (...) la nuque pliée en coude à s'en mordre le dos"...
Madame
se plaint d'avoir la peau qui plisse, la peau trop sèche. Dans cette
ancienne colonie en bord de mer, elle plonge dans l'eau thermale :
"Trois jours qu'on est là. Tout gouté. Leur bananes salées,
leur thé
aux girofles, tout goûté à m'en bruler les méninges." (...)
Monsieur,
lui, doit maigrir. La Fille et le Garçon de bain sont d'ici : "Y'a
toujours la faim et la soif qui accompagne le chemin", mais il portent
en eux la pierre, le bois, le sable et la poésie.
Françoise Christmann
Montreuil Hebdo
Fabrice
Agret
PEAUX MORTES
Préface de Benoît Fourchard
112 pages, 12 Euros,
ISBN 978-2-916834-04-7
D'emblée
on est saisi par la moiteur. Une atmosphère suintante et
crépusculaire. Des corps usés macèrent dans les eaux des bains. Des
mains
jeunes et vigoureuses les massent, palpent, triturent, et font espérer
une nouvelle jeunesse. Corps et décors d'un
autre temps, peur de voir les chairs plisser, s'épaissir, s'éffondrer,
se déliter. Insidieusement, une autre dimension s'immisce dans le récit
: l'argent.
Celui avec lequel on imagine pouvoir se racheter une jeunesse et
posséder les corps et les vies de ceux qui sont à notre service. Se
plonger dans Peaux Mortes c'est surtout se pénétrer
d'une langue.
Fabrice Agret nous entraîne dans des audaces linguistiques tout à fait
singulières. Avec une étonnante maîtrise, il invente des mots, les
triture et en ressort une mélopée pure et
obsédante. Ainsi, dès la première scène, Marthe, la fille de bain, nous
dit à propos d'un arbre mort qu'il "aurait bu la mauvaise eau
que
rigole la terre". Nous sommes prévenus, et l'on se demande
vraiment si
cette terre qui se vide de ses humeurs délétè-
-res ne pourrait plus
abreuver aucunes racines. Racines végétales comme racines éthniques.
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UN EXTRAIT