La Centrale
suivi
de
La Geste des
Endormis
Extrait
de
Presse
Il
y avait cette photographie de Bresson que j'avais vue lors d'une
exposition : un homme allongé sur une plage à Trieste, abandonné face à
une mystérieuse architecture, d'une simplicité déconcertante.
Il y avait mon voisin de l'époque : un algérien qui travaillait sur des
chantiers et ne gagnait pas suffisamment sa vie pour rendre visite à sa
famille, encore moins pour les faire venir, tout juste pour leur
envoyer de temps en temps un peu d'argent. Il était illetré et je lui
écrivait ses lettres administratives.
Il y avait ce fait divers : une mère et ses enfants avaient brûlé dans
l'incendie de leur immeuble, faute de pouvoir payer les notes, on leur
avait coupé l'électricité depuis quelques semaines, ils s'étaient
endormis avec une bougie allumée.
Il y avait la famille comme une petite tribu autour de laquelle on se
resserre, qui pue la salive mais dont on ne peut se décoller. Sa
tendresse et sa violence.
L'impuissance, l'empêchement qui pesait sur les têtes. Tout cela
poussait ensemble et trouvait des liens, j'imaginais La
Centrale.
Interview V. Barreteau
théâtre-contemporain.net
Virginie Barreteau
LA CENTRALE
suivi de LA GESTE DES ENDORMIS
Préface de Marion Aubert
112 pages, 12 Euros,
ISBN 978-2-916834-08-5
La
Centrale, quelque part au bord du vide. Dans La
Centrale, l'onirisme
cède la place à une réalité blafarde. Crue. Electrique. (...) Glauques,
les personnages de V. Barreteau? Leur vie l'est certainement. Mais eux
vont, viennent, impuissants. Dans ce monde qui semble fait pour les
autres. (...) Rien ne fonctionne plus, dans cette ville. Ni les
centrales, ni l'électricité, ni les rapports humains. Tout semble
coupé. Même la parole. Brusque. Lapidaire. Affûtée. Les secrétaires ne
transmettent pas. Les patrons sont très occupés. Les ouvriers ont le
rire gras. Ça suinte la fatigue, la peur, le dégoût. Il faudrait qu'un
feu prenne pour changer tout ça. Un brasier. Un grand incendie. (...)
De l'enfance, il ne reste plus rien. Les enfants n'ont plus de mots
d'enfants. N'ont plus de gestes d'enfants. (...)L'environnement est
hostile. Même les tableaux électriques sont hostiles. Ils font saigner.
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UN EXTRAIT